mardi 6 mars 2012

LA VACHERIE

Voici la première nouvelle de l'ouvrage



LE MUET


En un éclair, à son beau sourire, succéda l’expression incrédule de sa mort imminente. Les autres s’étaient brutalement pétrifiés, impuissants et horrifiés. On entendit le corps s’écraser sur les gabions. Le bruit immonde du choc rendit à tous la vie un si court instant suspendue. Certains se précipitèrent vers le mur pour savoir tout de suite, les autres se ruèrent par les escaliers, espérant encore.

Le magnifique visage de Jean-Paul s’était moulé à l’angle d’une énorme roche, des filets de sang lentement s’écoulaient en suivant les reliefs du marbre. Sa jeune vie avait commencé son retour vers la terre.

Il était mort en jouant. Il avait reculé en riant, sans se souvenir du muret qui bordait la place. Après le petit mur c’était la falaise, le vide, et tout en bas la Bourne, belle et indifférente. Un instant, une seconde peut-être, il avait oublié cette limite. Ses jambes juste au-dessus des genoux avaient heurté la murette qui l’avait bloqué brutalement. Le reste de son corps lancé, soudain pesant, incontrôlable, l’avait fait basculer dans le vide, tout bêtement, tout naturellement. Personne n’était responsable, tous pourtant se sentirent coupables et le seraient à jamais.

Au village, depuis toujours on l’appelait « Le muet ».

On aurait pu le surnommer « Atlas », « Hercule », « Goliath » que sais-je encore… Deux mètres et trois centimètres, une force de titan, une allure et un visage de demi-dieu, Raymond Fayard n’était pas un homme banal. Deuxième ligne, capitaine de l’équipe de rugby de Saint Jean, il attirait encore, malgré ses trente ans, les convoitises des grands clubs de la région. Romans, Valence, Grenoble et bien d’autres lui avaient promis des ponts d’or, des perspectives internationales. Mais rien n’y avait fait, Raymond s’abreuvait, se nourrissait à son terroir, à sa ferme, à ses copains, à sa femme, à son fils, et rien au monde n’aurait pu l’en faire changer.

Muet il ne l’était pas vraiment ! Mais il parlait si peu, semblait si avare de mots qu’on lui servait cent fois par jour avec tendresse et admiration ce surnom d’infirme.

Raymond n’avait rien tiré de l’école. L’école ne s’attache qu’aux propos les plus académiques et aux silences serviles qu’elle sécrète. Les sourires expressifs, les masques révélateurs, les mimiques aux dires infinis, les postures critiques, les complicités subtiles, les connivences raffinées, les soupirs éloquents, les inhibitions protectrices … tous ces langages sublimes du corps et de l’âme ne sont pas de son programme. Et Raymond lui n’utilisait les mots que quand il n’avait rien à dire d’important. L’essentiel, il l’exprimait dans la délicatesse des émotions indicibles, ce monde illimité que le silence dissimule aux vrais ignorants.

Raymond et son épouse étaient à Grenoble quand leur fils unique mourut. Les pompiers accompagnèrent le corps de l’enfant jusqu’à la morgue de l’hôpital de Romans et la commune se replia sur elle-même comme si une catastrophe naturelle ou la guerre était revenue. Les Fayard on ne les aimait pas, on les adulait. Raymond parce qu’il était un héros, sa femme parce qu’elle avait fait de sa profession un chef d’œuvre et le petit, tout simplement parce que déjà il était beau et bon. Des commerçants avaient tiré leur rideau, le maire avait réuni quelques conseillers, au bar des sports on buvait dans le recueillement, des hommes rugueux laissaient tomber des larmes dans leurs pastis. Les femmes emprisonnées dans leur cuisine pleuraient dans le repas du soir.

Quand ils apprirent par la grand-mère, « le muet » ne broncha pas, mais la mère de l’enfant « la belle parisienne », s’évanouit de douleur. Raymond la cueillit au vol et dans un silence de fin du monde, sous les regards anéantis des amis qui ne savaient comment se conduire, il l’emporta dans ses bras jusqu’à leur maison.

Raymond semblait-il demeurait imperturbable. C’était à se demander s’il avait bien entendu la nouvelle. D’abord il s’occupa de Mathilde. Il la déshabilla, la coucha, fit venir le docteur Martel pour qu’il lui administre des sédatifs et qu’il promette de revenir le lendemain et les jours suivants pour l’aider à passer le choc. Plus tard dans la nuit, avec des délicatesses de danseur, « le muet » s’allongea près d’elle. Il la regarda longtemps, il l’aimait tant. Pour la première fois il imagina qu’il pouvait la perdre… dans la vie ou dans la folie.

Il demeura jusqu’au lever du jour sur le dos, les yeux ouverts dans une sorte de torpeur peuplée d’images, de scènes fugaces et heureuses où il retrouvait son enfant. Il souriait au linceul du plafond où ses souvenirs s’animaient, plus beaux, plus parfaits, plus légers encore que dans la réalité même. Ils pêchaient à la main avec Jean Paul dans le Cholet en s’éclaboussant d’eau et de lumière, jouaient au rugby et lui le géant du Royans s’écroulait en hurlant de douleur sous les placages du gamin, skiaient à Villard de Lans dans la poudreuse jusqu’au ventre, conduisaient à travers champs et bois le tracteur comme un char d’assaut, et plein de choses encore.. comme ça,… sublimes et folles.

Pas une seconde il ne pensa à son fils mort.

Au petit jour pourtant il alla jusqu’au lit de Jean-Paul. Ses mains, ses immenses pattounes à cueillir les ballons ovales glissèrent lentement sur le dessus de lit. Il fermait les yeux, ses doigts cherchaient un corps, mais il n’y avait rien, il n’y aurait jamais plus rien, que les souvenirs de formes tendres et chaudes, murées à jamais dans sa mémoire.

Calme, silencieux, il redescendit à la cuisine, et sur l’ardoise suspendue près de l’évier, il traça ses mots pour Mathilde.

Je vais revenir, je t’aime.

Mathilde était venue en vacances voilà dix ans et n’était jamais repartie. Il l’avait rencontrée au bal du 14 juillet. Elle aussi était très grande et plus que belle. Jeune et brillante agrégée de lettres, elle avait bien du mal à trouver des hommes à sa dimension. Qu’elle succombât à Raymond un soir de bal, un été, c’était surprenant, mais qu’elle aille au bout de quelques semaines s’installer et vivre avec lui pour toujours en estomaqua plus d’un. Mathilde, c’était la chair devenue verbe. Elle parlait, et de la moindre chose, avec une grâce, une finesse, une pertinence, un timbre qui vous gardaient sur place comme une sainte révélation.

Physiquement ils formaient un couple exceptionnel, pour le reste, aux dires de tous, c’était l’alliance de la carpe et du rossignol.

Bien sûr il y avait entre ces deux êtres un secret que nul n’aurait pu imaginer.

Quand Raymond la cueillit dans ses bras immenses, quand elle se nicha spontanément contre ce corps gigantesque, elle ressentit une sérénité qu’elle n’avait jusque là jamais rencontrée. Son esprit vif d’intellectuelle fut pris en défaut, elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Elle se chercha des mots, des explications, des représentations, mais rien ne vint. Alors elle leva les yeux vers cet homme étrange qui la mettait dans un état pareil sans rien faire, sans rien dire. Il souriait au-dessus d’elle, paisible, amoureux, silencieux.

Quand il la prit par la main et qu’il l’entraîna elle ne savait où, cela lui parut évident, naturel, indispensable. Elle avait cessé de penser. Longtemps ils remontèrent la rivière. Ils arrivèrent sur une petite plage, des géants de cristal frissonnaient aux cascades, des étoiles filantes se noyaient à leurs pieds et la lune somnolait entre des eaux paisibles.

Dans le temps et l’espace abolis, ils s’aimèrent avec une telle perfection, un tel désir, si fort que le plaisir les entraîna au-delà de l’incroyable. Elle surtout ! D’abord elle crut qu’elle défaillait, qu’elle s’engloutissait dans un autre monde, si violemment qu’elle sentit venir la douleur. A sa surprise, elle se mit à hurler, à hurler comme jamais elle ne l’aurait osé. L’air qu’elle chassait et reprenait à pleins poumons tua la souffrance et alors, un plaisir incroyable, incommensurable partit de son ventre, se diffusa dans tout son être, jusqu’au bout de ses pieds, jusqu’au bout de ses doigts, jusque dans ses cheveux, partout, dans son cœur, ses épaules, ses muscles, ses os, sur sa peau. Son corps se disloqua. Il lui sembla qu’elle se dispersait dans toutes les directions, qu’elle explosait comme de la matière primordiale et allait en un instant envahir le cosmos…

Bientôt tout cela s’apaisa, mais elle n’arrivait pas vraiment à revenir à elle, son corps hébété étaient encore parcouru de spasmes, de frissons impétueux qui revenaient de vague en vague. Raymond alors la serra contre lui et se mit à la caresser étrangement, savamment, patiemment comme pour la remodeler, et peu à peu elle se sentit se remembrer, se réunifier, se recréer.

A nouveau présente et palpitante, elle le regarda longtemps ahurie, humble, reconnaissante. Comment était-ce possible, comment avait-il pu si bien sentir ?

Raymond était maintenant dans la vieille grange où il rangeait les outils. Sans hésiter il s’empara d’une hache, la vieille cognée de son père. C’était un bel outil au manche lustré par la sueur et l’effort, glorieux ancêtre des tronçonneuses bruyantes et puantes. Il l’affûta avec un soin et une patience de professionnel, puis, saisissant son sac tyrolien, il partit vers le village, son outil sur l’épaule. Il était très tôt, il ne croisa personne. Il entra chez le boulanger, le Bernard Faure, un copain de classe. Il désigna un énorme pain rustique, paya et s’en fut sans un mot. Le Bernard était resté médusé, incrédule, épouvanté par la hache et par l’allure d’automate de son ami. Où allait-il ? Qu’allait-il faire ? N’était-il pas devenu fou ? A distance, discrètement, il suivit Raymond qui marchait vers les hauts du village et n’arrêta sa filature que quand il le vit s’enfiler dans le sentier qui conduit vers les plateaux. Il eut un soupir de soulagement, s’en retourna à son magasin où toute la journée il raconta son aventure matinale.

Raymond marcha bien trois heures. Il avançait de ses pas de sept lieues, les yeux vers le sol, absent pour la première fois aux merveilles qui l’enveloppaient. Les fleurs, les arbres, les oiseaux, les ruisseaux, le ciel bleu et le soleil à travers la ramée, la fraîcheur des sources, tout ce qu’il aimait tant n’existait plus. Il posa son sac, arracha un quignon au pain, le mâcha longuement, but à satiété aux larmes d’un talus moussu et reprit sa route. Des auréoles humides tachaient déjà sa chemise, il accéléra la cadence, le visage tendu, les mâchoires douloureuses… Il commençait à souffrir et pour juguler l’horreur qui montait de son âme, pour tenir encore un peu, pour aller jusqu’au bout il imposa à son corps un rythme d’enfer, une cadence à épuiser n’importe quelle bête de bât, une mesure à vous tuer un montagnard. Enfin il arriva, cette coupe de bois était sienne. Il était essoufflé de colère, trop longtemps il s’était contenu. Alors comme un fou il s’empara de sa hache et se rua sur le premier arbre venu qu’il attaqua, agressa, cogna, mutila. Il n’y avait pas d’ordre, pas de projet, pas de technique dans ses coups, il frappait, frappait le résineux, et frappait encore, non pour l’abattre, mais pour le tuer, oui pour tuer cette nature imbécile qui lui avait pris son enfant. C’était un spectacle insensé, Raymond le géant, Raymond le monstre éructait de haine et de violence et à chaque coup le tronc sonnait, les branchages vibraient et l’arbre innocent perdait inéluctablement sa vie. Bientôt le martyr s’acheva, l’arbre s’écroula bêtement, lourdement, sans gloire dans un gémissement et le dernier souffle de son feuillage. Alors Raymond se précipita sur le suivant et recommença le même massacre.

Cette explosion dura des heures. Au-delà de toute humanité Raymond abattit des arbres et encore des arbres, n’importe lesquels, n’importe comment jusqu’au surmenage insoutenable de ses articulations et de ses muscles, jusqu’à l’épuisement total de ses forces et de son esprit. Au bord de l’évanouissement il s’abattit lui-même sur le sol où il dormit jusqu’au lendemain comme une bête repue.

Il s’éveilla glacé, raide et douloureux. En grimaçant il remit en marche son grand corps, prit son sac et sa hache, et s’en fut plus loin sans un regard sur le carnage forestier qu’il avait accompli.

La montée vers le plateau, vers l’alpage réchauffa son corps d’athlète, il avait encore trop d’énergie. Aux pelouses à moutons qu’il connaissait si bien, il marcha encore un bon moment vers un abri de berger derrière lequel sourdait le seul filet d’eau qu’en été l’on trouve en cet endroit. Il n’y avait ni troupeau ni pâtre fort heureusement. Raymond but à la source, arracha d’énormes morceaux à son pain, il mourait de faim.

Il entendit à la lisière de la forêt un jappement joyeux, un couple de touristes, leur jeune chien, et, sortant soudain du bois en courant derrière eux un enfant, leur enfant, un garçon de neuf ou dix ans, grand, blond, vivant comme…

Raymond les regarda longtemps, jusqu’à ce que leurs formes lointaines disparaissent derrière une butte. Quand il se sentit à nouveau vraiment seul, l’horreur intérieure lui revint, folle, indicible, nauséeuse, immonde… Il eut un geste vers sa hache, mais les arbres étaient trop loin. Alors il se retourna contre l’abri de pierres que des générations de bergers, avec un savoir-faire remarquable, avaient monté et entretenu. Il grimpa sur le toit et commença à en démonter les pierres plates. Se saisissant alors des pierres il se mit à les envoyer dinguer sur les lapiaz tout proches. Les fragiles lauzes de calcaire heurtant le sol éclataient en mille morceaux et les échos de leur explosion s’enfuyaient en hurlant aux falaises voisines. Il était incapable de s’arrêter et ce fut un nouveau carnage. Au début de l’après-midi quand, les mains en sang, il quitta les lieux, il n’y avait plus de refuge, plus de signe d’humanité. Il avait tout détruit, tout cassé, ne demeurait incompréhensible et chaotique qu’un clapas de pierres fraîchement bousculées, brisées, inutiles à tout jamais.

Il avait repris son ascension vers la plus haute cime que l’on trouve en ces parages. Ses fureurs de la veille, sa rage du jour n’avaient pas eu raison de ses forces. Il avait attaqué la pente tout droit, méprisant les sentiers sages il fonçait vers le sommet, un immense tertre de gazon soutenu en bordure par des rocs déchiquetés qui se délitaient piteusement. Il n’y avait rien, plus rien au sommet, pas un arbre, pas un buisson, pas un édifice, pas même un cairn à détruire. Il était seul maintenant, seul dans le vent paisible de l’été, seul sous le ciel bleu où voyageaient indolentes quelques grappes de nuages.

Mais rien ne pouvait y faire, il était encore enragé et ce fut aux éléments qu’il s’en prit, aux montagnes, au ciel, au vent, aux nuages, à la beauté, à Dieu !

Et lui « le muet », l’homme de peu de paroles, se mit à hurler, à vociférer, à gueuler, à s’agiter comme un dément. Il courait, allait, venait, se précipitait d’un bout à l’autre de la plate-forme, brandissant sa hache vers le ciel, tranchant le bleu et le vent, menaçant les nuages, apostrophant Dieu, le sommant de lui rendre son enfant.

Mais la divinité n’est pas sensible aux détresses et aux souffrances humaines et son silence intolérable poussa Raymond jusqu’au délire. « Montre-toi, montre-toi » lançait-il vers l’infini. Et comme l’autre ne donnait pas un signe, « le muet » l’insulta, blasphéma, et pire même, le méprisa en des mots que jamais de sa vie il n’avait prononcés.

Epuisé, au bout de lui-même il mit un genou à terre, saisit sa hache par le milieu du manche et s’apprêta à se trancher le poignet, pour en finir, pour ne plus jamais souffrir comme cela.

C’est l’image de Mathilde belle, seule dans le deuil qui l’arrêta et qui fit monter en lui les sanglots qui le sauvèrent. Les larmes lui vinrent, les larmes qui vident le corps de la peine comme le sang emporte la vie, les larmes qui protègent, soulagent, métamorphosent.

Longtemps il sanglota à même le sol. Au moment où le soleil roula derrière l’horizon, le froid le réveilla. Il reprit le chemin de la forêt pour y passer le nuit.

Tôt, il avait entrepris son retour vers la vallée. Il allait à grands pas, silencieux. Bientôt il fut au belvédère qui domine Pont en Royans, il s’arrêta un instant pour contempler sa petite ville. Elle semblait vide, inanimée. Son regard balaya tout le paysage, il sursauta quand il les vit. Toute la commune, tous les amis des environs, tous suivaient à pas lourds le cercueil de son fils. Et derrière le cercueil, tout près à le toucher, il y avait Mathilde, grande, droite, forte sur ses jambes.

Sa place était là-bas, près d’elle. Alors il dévala le sentier, courut à travers les rues désertes. Quand il arriva à l’entrée du cimetière, on avait déjà descendu en terre le corps de Jean-Paul. Mathilde se recueillait au bord du trou. Il n’hésita pas un instant et s’avança à grandes enjambées pour la rejoindre. Son entrée dans le cimetière engendra un frisson d’épouvante. Il était abominable, maculé de boue et de taches de sang. Hirsute, hagard, ravagé par le chagrin, il avait vieilli de vingt ans. Certains s’effrayèrent de la hache sur son épaule. Peut-être était-il devenu fou; ce départ, cette absence, son allure monstrueuse jetaient le trouble dans les esprits les mieux trempés. Mais lui ne vit personne, au tombeau il posa sa cognée, puis il prit sa femme dans ses bras immenses et l’emmitoufla dans son corps. Elle ne bougea pas, on eût dit qu’elle l’attendait, qu’elle savait qu’il serait là au bon moment.

Alors aux yeux de tous il pleura comme l’on pleure en de telles circonstances, simplement, le cœur nu, l’âme à vif.

A la fin il prit Mathilde par la main, remonta à travers les gens bouleversés la petite allée du cimetière. Au portillon ils refusèrent une voiture et s’en allèrent à pied. On les laissa en paix.

Quand ils approchèrent de leur maison, il changea de direction, l’entraînant, elle ne savait où, mais cela lui parut évident, naturel, indispensable. Elle avait cessé de penser. Longtemps ils remontèrent la rivière. Ils arrivèrent alors sur la petite plage où ils restèrent blottis l’un contre l’autre jusqu’à la nuit.

Des géants de cristal frissonnaient aux cascades, des étoiles filantes se noyaient à leurs pieds et la lune somnolait entre des eaux paisibles.



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